Le succès d’une transmission, partielle ou totale, repose sur les conditions de sa préparation et sur l’analyse qui peut être faite en interne des points forts et des points faibles de l’agence. Elle nécessite la préparation d’un dossier qui servira de référence à la réflexion.

 

Les préalables à l’évaluation

La première étape d’une évaluation est toujours un diagnostic effectué en lien étroit avec l’agence. Ce diagnostic repose sur l’analyse de pièces comptables et financières, et sur les échanges avec le dirigeant de l’agence.

 

Liste des documents à fournir pour cette étape
  • Liste des références : nom de la référence, montant des travaux, taux ou montant des honoraires, date de réception, date de fin de GPA.
  • Bilans des 3 dernières années.
  • Bilan intermédiaire si l’évaluation se déroule plus de 6 mois après la dernière clôture comptable.
  • Prévisionnel des honoraires (carnet de commandes) sur 3 ans (ou 2 ans minimum).
  • Prévisionnel des charges.
  • Copie des bulletins de salaires.
  • Tableau des immobilisations.
  • Grand livre général, clients, fournisseurs.
  • Pacte d’actionnaires le cas échéant.

 

Les différentes méthodes d’évaluation

Il y a plusieurs méthodes possibles pour évaluer une entreprise. Elles peuvent être regroupées en trois grandes familles : les méthodes patrimoniales, les multiples et les cash-flows actualisés.

 

Les méthodes patrimoniales

L’approche patrimoniale consiste à évaluer la valeur des actifs présents dans la société. Ces actifs sont composés le plus souvent de :

  • Installations générales et travaux d’aménagements
  • Mobilier de bureau, matériel informatique
  • La trésorerie

L’expert inclura les actifs immatériels (brevets, logiciels, clientèle…), même s’ils sont difficiles à évaluer. La valeur de la clientèle résulte du renom de l’agence et de la possibilité pour le cessionnaire de poursuivre les contrats en cours et d’obtenir de nouvelles missions. Son évaluation doit être faite à partir des références de l’agence, du chiffre d’affaires réalisé par référence et de l’ancienneté de la référence. On considère que plus la référence est récente, plus sa valeur est forte.

Ce type de méthode présente l’inconvénient de ne pas tenir compte du potentiel de développement futur de l’entreprise.

 

Les multiples (ou comparables)

Pour évaluer une entreprise, on peut aussi se documenter sur les transactions ayant déjà eu lieu, pour proposer une évaluation comparative. Cette méthode consiste à utiliser un multiple de bénéfice moyen ou un pourcentage du chiffre d’affaires réalisé pendant les 3 dernières années.

Cependant, le marché des transactions d’agence d’architecture est restreint, et opaque. Les transactions sont souvent liées à la personnalité et au talent du/des architectes dirigeants.

Cette méthode, peu fiable, aura finalement une pondération très faible au regard des autres méthodes d’évaluation.

 

Les cash-flows actualisés (DCF)

Les deux premières méthodes sont tournées vers le passé (les actifs historiques) ou le présent (le bénéfice actuel). Or rien ne garantit que l’agence d’architecture continuera à générer le même résultat. En fait, ce que l’on paie en investissant dans une agence existante, c’est une espérance de réalisation de bénéfice sur les prochaines années. C’est pourquoi on utilise aussi une troisième approche, tournée vers l’avenir, qui nécessite de prévoir ce que l’agence va générer en flux de trésorerie, ou cash-flows.

On bâtira plusieurs scénarios, plus ou moins optimistes, qui donneront plusieurs séquences de cash-flows prévisionnels.

Il y a deux niveaux de calcul :

  • le cash-flow (flux de trésorerie opérationnel), qui représente ce qu’il restera des honoraires une fois que tous les coûts auront été payés.
  • le free cash-flow (flux de trésorerie net) qui vient après déduction des investissements nécessaires pour maintenir (et développer) l’activité de la société.

L’horizon de prévision doit être raisonnable : pour les agences d’architecture, la prévision est faite sur 3 années, contrairement à d’autres secteurs où cette étude se réalise sur 5 ans.

En conclusion, le fondement de la valeur, c’est la promesse de cash-flows futurs.

 

Le choix de la méthode d’évaluation

Dans chaque méthode, les hypothèses et les incertitudes peuvent être nombreuses. Il est nécessaire que l’expert qui procédera à l’évaluation connaisse bien le secteur, ses contraintes et son évolution probable. L’appréciation de la méthode d’évaluation la plus adaptée dépendra de l’analyse des préalables et de l’expérience de l’expert-comptable. Le rapport d’évaluation reposera le plus souvent sur une combinaison des différentes méthodes. L’expert recourra à une moyenne pondérée suivant les caractéristiques intrinsèques et environnementales de la société.

Au-delà des aspects financiers, patrimoniaux et de rentabilité, la valeur d’une agence d’architecture est influencée par ses qualités intrinsèques :

  • Potentiel de développement.
  • Positionnement sur son marché et concurrence.
  • Lien de dépendance et impact du départ éventuel du dirigeant.
  • Motivation et ambiance interne.

 

Déjà paru : Pourquoi évaluer votre agence ?
Bientôt : La fiscalité de la transmission